Les nouvelles ’Bloody Fleury’ des 4èmes Résultats du concours d’écriture

En marge du festival Bloody Fleury, un concours d’écriture a été proposé à tous les élèves de 4ème. Le thème retenu cette année était : « Des nouvelles d’ailleurs ». Voici les textes.

11 membres du jury (une professeure des écoles, une bibliothécaire, des bénévoles de la bibliothèque de Fleury sur Orne, des professeures documentalistes...) se sont réunis pour élire les 3 meilleures nouvelles écrites par les 4èmes dans le cadre du concours d’écriture. Ce travail de longue haleine a été menée de main de maître par les professeur.e.s de français, notamment lors de la semaine d’EPI de décembre 2020.

Pour rappel, le thème proposé était :
"Des nouvelles d’ailleurs".
Aucun genre n’était imposé cette année : polar, science fiction, fantastique, etc. tout était possible !

Voici donc le trio gagnant :
en 3ème position : Timur Pédoja (4e B) avec 7 points : "Lui",
en deuxième place : Shaïma Haddad (4e D) avec 16 points : "Trou noir"
et enfin, nos grandes gagnantes : Inès Villeroy et Léa Davourie (4e D) avec 23 points : "A vous les humains de 2020".

Ci-dessous, les nouvelles. Délectez-vous avec ces 3 textes !

Excellente lecture !

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« Lui »

20 janvier 1876 environ 19h30
Je voyage. Je n’ai jamais pu rester trop de temps au même endroit. J’ai sillonné les plaines, les montagnes, les fleuves, les mers, les villes, les banquises… Sans jamais m’arrêter, sans jamais regarder derrière dans le seul et unique but de découvrir le monde. Pourtant, quand cette vieille maison en ruine est entrée dans mon champ de vision, elle m’a immédiatement attiré. Une attirance sans limite, puissante et douce à la fois. Comme si cette maison était le paradis sur Terre ! Bref, j’ai donc décidé d’y passer quelques jours. Je suis en ce moment même en train d’écrire dans le carnet que j’ai trouvé dans une armoire encore intacte. Je vais peut être m’en servir comme journal de bord. À voir.
La maison comporte deux pièces en bas et un étage que je n’ai pas visité. A première vue, c’est une maison normale.

21 janvier 1876, environ 18h00
Je n’ai pas réussi à monter à l’étage. À plusieurs reprises, j’ai essayé de monter et à chaque fois je me suis figé aux premières marches, comme bloqué par une force surnaturelle. Je pense que c’est seulement mon instinct qui m’empêche d’avancer pour éviter une ou deux marches cassées qui pourraient me faire tomber. Mais trêve de bavardages, je dois chercher à manger.

22 janvier 1876, environ 19h50
Aujourd’hui, j’ai senti une présence en haut. Mais c’est souvent ce qui m’arrive quand je ne voyage plus : je deviens paranoïaque. Mais ça n’arrive pas aussi vite normalement...

23 janvier 1876, environ 20h00
J’en suis sûr maintenant il y a quelque chose ou quelqu’un là-haut. Mais je ne peux toujours pas monter. Je pense maintenant que ce n’est pas mon instinct qui m’empêche de monter. L’angoisse m’envahit. Ou la curiosité ???

24 janvier 1876, environ 18h45
« Lui » comme je l’appelle se manifeste de plus en plus. Il fait grincer le parquet, ouvre des portes. Je devrais sans doute partir mais ça m’est impossible. L’attirance de cette maison est sans limite.

25 janvier 1876, environ 21h00
J’ai réussi à monter les premières marches aujourd’hui. Toujours est-il que je ne peux pas monter plus haut. J’ai aperçu qu’il ouvrait une porte, laissant paraître un paysage qui ne ressemble en rien à tous ceux que j’ai déjà vu. Il vient de disparaître par la porte en la claquant fermement.

25 janvier 1876, environ 23h30
Il est revenu à l’étage, mais accompagné d’autres choses. Si je le sais c’est grâce au bruit qu’elles ont fait en descendant l’escalier. Quand je suis allé voir, elles avaient disparu.

26 janvier 1876 environ 12h00
La porte à l’étage donne sur un autre monde que j’ai appelé l’« Ailleurs ». Et si je devenais tout simplement fou ?

26 janvier 1876 environ 22h00
Il est parti tout à l’heure mais vient de revenir. Il a mangé un aliment que je n’ai pas vu mais ses bruits de mastication m’ont horrifié. J’ai l’impression que le paysage change à chaque fois qu’il ouvre la porte.

27 janvier 1876 environ 17h30
Il y a plusieurs « Ailleurs ». J’en suis certain à présent. Cette maison est maléfique. J’ai essayé de fuir sans succès. Ici sera mon tombeau.

28 janvier 1876 environ 18h30
Je pense qu’il est le gardien d’un passage qui sert à changer de réalité. C’est sûr, je sombre dans la folie. Je ne pensais pas qu’on devenait fou comme ça, rien qu’en écrivant dans un journal.

29 janvier 1876 environ 23h00
Je suis fou. Tout cela ne pouvait que mal tourner. Ma fin est proche. Et si elle n’arrive pas, je la précipiterais. Vivre enfermé dans ma folie m’est impossible je le sais.

30 janvier 1876 environ 21h30
Je vais monter. Et si je suis fou et que j’imagine tout ce qui se passe j’en aurais le cœur net.

31 janvier 1876 environ 19h00
Il vient de partir. Je prends mon courage à deux mains.
Je monte. Vient le moment où je me bloque. Je continue tant bien que mal. J’arrive en haut. Quelques pas. J’arrive à la porte. Je l’entends. Il est derrière la porte. Dans l’« Ailleurs ». Mince !

Il va ouvrir. Je ne peux plus reculer. Il ouvre la porte d’un mouvement brusque.

J’ai compris.

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Trou noir

Je sortis de la voiture avec mes parents, mon petit frère Mayron et notre berger australien Pilou. Nous allions visiter une maison, qui avait l’air d’être vraiment grande. Nous étions à présent sur le palier de la porte quand l’agent immobilier nous dit :
 “Cette maison est parfaite pour une famille de quatre personnes, enfin cinq avec votre chien.”
Il nous fit signe d’entrer. La maison était en effet très spacieuse. Ma mère se dirigea vers la cuisine toute excitée (elle était fan de pâtisserie), pendant que mon père, lui, se dirigeait à l’étage. Je le suivis avec Mayron pour choisir notre chambre. Je choisis la première à droite ; elle était très grande, assez grande pour une ado de treize ans. Il y avait un petit banc en dessous de la fenêtre, où je pouvais m’asseoir pour lire. J’étais dans mes pensées quand j’entendis la voix de ma mère m’appeler “Lisa !
Descends, la visite est finie !”. J’espérais qu’on allait acheter cette maison car c’était mon coup de cœur. Ma mère appela Mayron mais il ne voulait pas descendre : il faisait une crise car il voulait rester dans SA chambre comme il disait si bien. Je remontai donc pour aller le voir. Il pleurait dans un coin.
 “Mayron , allez viens avec nous, tu sais on va sûrement acheter cette maison car maman est vraiment satisfaite et papa aussi.”, disais-je.
Il ne bougeait pas.
 "Si tu viens, je t’achète un paquet de bonbons !" Il leva aussitôt la tête, et commença à descendre.
J’étais fière de moi car le chantage marchait tout le temps avec lui.

Trois semaines plus tard, c’était enfin le jour de l’emménagement. Nous étions très contents d’être les nouveaux propriétaires de la maison. On porta les cartons lourds, à se demander s’il n’y avait pas une météorite dedans. Ma mère ouvrit la porte de la maison, on entra. Soudain je ressentis un léger malaise mais je n’y fis pas trop attention, toute à ma joie de m’installer dans cette belle maison.
Je pris un des cartons et me précipitai dans les escaliers. J’avais trop hâte d’être là-haut ! J’ouvris la porte de ma chambre et posai le carton par terre. J’étais très heureuse d’être là. Je redescendis pour aider Mayron car il ne fallait pas oublier qu’il n’avait que quatre ans. Mon père apporta mon lit dans ma chambre, puis il le monta au milieu de la pièce pour me laisser le choix de le mettre ou je voulais. Pendant ce temps, j’organisai la chambre de Mayron. Une fois fini, je retournais dans ma chambre pour la décorer.

J’étais aux anges, ma chambre était magnifique. Ma mère nous appela pour nous mettre à table, elle avait très bien décoré le salon et la cuisine, elle avait les yeux qui brillaient.

Deux semaines plus tard, un dimanche, je me réveillai en sursaut d’un affreux cauchemar. J’étais en sueur et toute tremblante. Il était neuf heures trente. Je sortis de mon lit pour aller dans la salle de bain me laver le visage. Je remarquai qu’il manquait une serviette pour se sécher les mains. Ma mère l’avait sûrement mise à laver, alors je descendis à la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Il y avait tout ce que j’aimais sur la table. Après cela, je montai dans ma chambre pour lire, mais mon livre n’était plus là ! Je le cherchai par tout : sous mon lit, dans mon armoire
… Mais il n’était nulle part.
 “Maman ! Sais-tu où est mon livre ?
 Non pas du tout, tu as cherché sous ton lit ?
 Oui, partout.
Je descendis les escaliers, dépitée.
 Ne t’inquiète pas Lisa, tu vas le retrouver.”
Après le
repas, je montai dans la salle de bain comme d’habitude pour me brosser les dents. Mais impossible de trouver ma brosse à dent ! J’appelai ma mère mais comme elle ne répondait pas, je me mis à hurler en haut de l’escalier, pensant qu’elle ne m’entendait pas. Comme je restais toujours sans réponse, je descendis énervée en appelant :
 “Maman !”.

Soudain je m’arrêtai. Je sentis ma gorge se serrer. Je n’entendais plus rien dans la maison. Il y régnait un silence de mort. Pourtant, mes parents m’auraient prévenues s’ils partaient ! Je sortis de la maison pour voir si la voiture était dans le garage, mais, le garage n’était plus là ! J’avais l’impression de devenir folle ! Je fis le tour de la maison, en courant, rien, rien du tout !!

Je rentrai de nouveau à l’intérieur, et là le cauchemar ! Toute la décoration du salon avait DISPARUE !!!!! Je pleurai, apeurée, mais ce n’était pas un cauchemar, je courus jusqu’à ma chambre et j’ouvris la porte. Ma chambre était vide, il n’y avait plus rien. Je dévalai les escaliers quatre à quatre pour chercher de l’aide auprès d’un voisin. Je me précipitai vers la maison voisine et je frappai de toutes mes forces. Aucune réponse. Je recommençai, en vain. Je courus vers l’autre maison voisine, toujours rien. Je me mis à sangloter. Tout devenait flou, incompréhensif et horrible. Je ne savais plus quoi faire, tout avait disparu.

Tout à coup je crus entendre un bruit, je tournai la tête vers notre maison, mais HORREUR ! La maison n’était plus là !!!! Je me mis à hurler de toutes mes forces, encore et encore. Je tournai en rond, dans tous les sens, je me sentais devenir folle. Je continuais à courir, presque sans souffle, regardant autour de moi, voir s’il n’y avait personne.

Mais rien.

J’avais l’impression que tout était contre moi. Je regardais vers le ciel, il bougeait ! Je frottais mes yeux, et je regardais une nouvelle fois, je ne rêvais pas, le ciel bougeait vraiment. Il tournait et tournait encore. Je décidai de m’asseoir au milieu de nulle part, espérant que la mort vienne vers moi, je fermai les yeux et soudain, trou noir.

 “C’est bon Lucy, tu peux enlever ton casque de réalité virtuelle !”
 OUF, c’était trop flippant, j’avais l’impression que c’était moi mais heureusement ce n’est pas vrai !”

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La nouvelles arrivée en tête de classement :

“ A vous les humains de 2020 …”

C’était un garçon qui s’appelait Calvin, il avait trente-deux ans. Il menait une vie tranquille mais avait un énorme défaut : il n´avait aucune considération pour les questions d’écologie. Il possédait deux quads et une Range Rover, il mangeait tout le temps au fast-food, il ne faisait jamais le tri, il jetait les déchets n’importe où, faisait tous les ans des voyages lointains en avion. Bref, il ne se préoccupait absolument pas du réchauffement climatique et de l’avenir de sa planète.

Un jour, en sortant de son travail, il alla se promener à la plage, et il tomba sur une bouteille en verre dans laquelle il découvrit une lettre et une montre à gousset. Intrigué, Calvin ouvrit la bouteille et lut la lettre :

“A vous les humains de 2020, à toi qui as trouvé cette bouteille, change de comportement, protège la nature et change le monde en essayant de moins polluer.
Imagine la planète en 2082 : les mers sont sales et noires, les espèces disparues, les insectes meurent les uns après les autres, les plantes ne se reproduisent plus...
Ici, en 2082, les gens portent des masques tout le temps car des nouveaux virus circulent et créent des pandémies planétaires...
Cette lettre est mon dernier espoir pour tenter de redonner vie à la terre. Prenez conscience de l’urgence de la situation. Si vous ne réagissez pas, vous pourrez dire adieu à votre planète.”

Il observa la montre à gousset et tourna les aiguilles. Il commença à sentir des picotements dans son corps : sa tête se mit à tourner comme s’il allait faire un malaise, il sentait ses poils se hérisser. Il avait envie de vomir et il avait l’impression que ses boyaux allaient sortir de son ventre.
Tout tourbillonnait autour de lui, il regarda partout et se retrouva dans un trou noir, il ne touchait plus le sol. Horrifié, il ferma les yeux et eut l’impression de tomber.

Quelques instants plus tard, il ouvrit les yeux, et découvrit qu’il n’était plus sur la plage mais au milieu de la rue, dans une ville étrange avec des odeurs nauséabondes. L’air était saturé de fumée, il avait du mal à respirer, il y avait des bruits de machines infernaux. Soudain il sentit une bourrasque de vent dans son dos qui manqua de le renverser. C’était une voiture volante qui venait de le frôler. Il courut se réfugier sur le trottoir. Des gens venaient dans sa direction mais semblaient ne pas le voir. Ils avaient des têtes déformées, et avaient l’air malade. Il grimpa sur un mur et contempla le nouveau paysage qui s’offrait à lui : des immeubles immenses, des voitures volantes, le ciel gris et noir de fumées, des milliers de gens qui marchent sans but, aucun animal, pas de chat, ni de chien, ni d’oiseaux... Aucun arbre, ni fleurs à l’horizon, tout était sale, gris, sombre, laid...
Calvin se mit à courir très vite. Choqué, il hurla de peur. Il était paniqué, ne comprenait rien à ce qui lui arrivait. En tournant la tête de part et d’autre, il aperçut soudain un panneau lumineux au-dessus de lui, où il put lire : “Mercredi 9 mai 2082”...

Quelques semaines plus tard, Calvin avait compris que la montre l’avait téléporté dans le monde du futur et que ce monde était désespérément pollué et laid. Il avait tenté plusieurs fois de manipuler cette montre mais sans succès. Il commençait à se résoudre à rester bloqué en 2082.

Triste et lassé, il errait dans ce monde sans vie, sans espoir.

Un jour, pourtant, ayant trouvé une bouteille et du papier, il se mit à écrire une lettre qui débutait par ces mots : “ A vous les humains de 2020...”
Il mit la lettre dans la bouteille et la montre, puis se rendit à la mer pour la jeter dans l’eau.

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